• Etant donné que le conseil est une activité tellement fréquente, tellement quotidienne dans la vie personnelle, professionnelle et sociale, il est réduit, la plupart du temps, à l'activité de « donner des conseils » où - bons sens, absence de méthode et non-évaluation des effets qu'il produit - forment trop souvent un point d'orgue. Pour ces raisons, l'auteur tente de s'énoncer « Pour une définition du conseil », troisième grande ligne de la première partie de son ouvrage, « La problématique du tenir conseil ».
  • L'auteur est en permanente dynamique d'élaboration de définitions. Il comprend le conseil comme - l'acte de tenir conseil - en tant que -délibération pour agir-. Tout au long de cette partie, sans jamais figer quoique ce soit et en précisant que « le conseil est oeuvre ouverte », il développe que tenir conseil se définit selon trois dimensions, reprises ci-après. Il s'agit de la création d'une communication dialogique, la recherche méthodique et plurielle du sens d'une situation-problème, la construction d'une démarche active.
  • La relation de conseil demande à être réfléchie, dans son ensemble, et l'interaction est orientée par un principe dialogique, constitutif de la relation. Le préfixe « dia » évoque le franchissement. Dans la mutualité, le dialogue appelle la recherche commune depuis les points de vue de chacun. Le fondement du dialogue consistera en une démarche de pensée dans la relation - à partir de l'autre -. Pour ce faire, la « présence » professionnelle-personnelle du conseiller s'impose et se distingue de la présence ordinaire par le fait qu'elle soit porteuse de sens pour celui qui est momentanément démuni. Le dialogue, c'est le travail de la parole et de l'écoute de chaque personne et non pas seulement un discours théorique. Le dialogue commence où il peut, dans l'état présent des personnes tout en sachant que l'autre a le droit de ne pas savoir, de ne pas comprendre certaines situations, d'être dans l'incapacité au dialogue. Le travail de confiance est à faire : le respect de l'être humain et la manière constructive dont se passent les choses sont primordiales.
  • La première étape de la démarche de tenir conseil, est la recherche du sens de la situation-problème. Recherche qui existe tout au long du processus inhérent à la pratique de tenir conseil, et s'acquiert avec une « anti-habitude » (Bachelard), une méthode (qui profite au travail du sens des situations, à celui du projet des actions et à celui de l'acte et au delà de l'acte : reprise et évaluation critique du déroulement ) afin d'éviter les scléroses de toute routine.
  • De la recherche méthodique et plurielle du sens...Tout d'abord, la limitation du sens offre un premier cadre où l'acteur, le client narre la situation. Elle assure également le passage de l'histoire-récit à l'histoire-problème afin de comprendre comment la personne organise les données et problématise sa situation. Ensuite, l'ouverture du sens intervient avec ses 3 phases : exploration du sens (de nombreuses pistes apparaissent), confrontation du sens (débouche sur un travail d'approfondissement et de détection des points aveugles de la situation), élaboration du sens (focaliser le sens dans l'instant et le situer par rapport à la globalité de la personne dans le contexte socio-économique, culturel et politique - ). Enfin, le discernement du sens, souvent négligé, à tort, car insécurisant, est le travail des processus de valorisation et d'évaluation des représentations et des actions de la personne.
  • Construire la démarche active du tenir conseil :
    c'est travailler à rendre signifiante, pour l'être humain, une action qui est formatrice, la connaissance ne suffisant pas. En outre, le fait que l'action, l'agir sensé soit un ensemble non décomposable de conduites est le propre d'une démarche, d'un processus, d'une voie. L'instant est le moment qui est porteur et initiateur de sens comme organisateur de conduites. « Savoir reconnaître ce moment », c'est savoir saisir l'instant favorable et décisif par toutes les possibilités qu'il contient. L'agir sensé, correspondant au kaïros, est un cheminement de la personne à travers la complexité d'une situation. A la fois, il garantit la pertinence et la cohérence de l'ensemble du travail et offre une souplesse pour évoluer.
  • La démarche du tenir conseil se développe par une présence fondatrice, une communication dialogique et une rythmanalyse plurielle (terme utilisé par Gaston Bachelard dans « La Dialectique de la durée » pour désigner l'apprentissage continu du sens qualitatif du temps, de ses dimensions multiples et de la perspective temporelle de toute conduite). Cette démarche est non linéaire mais met en lumière une série de processus circulaires ou en spirale permettant une concentration profonde. En outre, elle est la mise en oeuvre de la méthode selon un certain style et un certain rythme pour la personnaliser « au plus près » de chacun des clients, de chaque personne. Autrement-dit, la démarche du conseiller dans le tenir conseil accompagne une personne dans la mise en forme de sa propre démarche pour décider d'une conduite à tenir. Elle est accompagnement de celui qui effectue ce cheminement dans le cadre sécurisant d'une situation structurée créée à deux : la personne et le « conseiller ».


  • Pour conclure, la démarche du tenir conseil
  • Virginie HINGRE